La glace et le francophile
Il rode dans les couloirs de notre résidence un Japonais assez surprenant. Peu amateur de sa propre culture, il écoute par contre de la musique classique européenne, joue du violon et est surtout féru de la langue de Dante et de Voltaire. Il passe souvent le week-end à notre foyer pour happer des Italiens et des Français et tenir une conversation avec eux. 
Nous avons eu ensemble plusieurs entretiens pendant lesquels, dictionnaire en main, il essaye de me parler et de comprendre ce que je lui dis tout en notant chaque mot nouveau qui survient dans l'anarchie de notre conversation. J'admire sa persévérance car il étudie en autodidacte dans un manuel d'apprentissage à cassettes.
Attardons nous sur la glace que nous avons dégustée ce samedi.
A première vue, elle fait envie non ? Cependant, d'irrémédiables fautes de goût ruinent l'impression que l'on en garde. Commençons par le biscuit du dessus : un vulgaire crackers salé à l'endroit où une gaufre fine devrait triompher. Souffrons la glace au chocolat blanc, fantaisie pardonnable à côté du coeur de la coupe. Fermez les yeux : il s'agit de cornflakes que l'on a installé entre une couche de chantilly gelée dessus et de meringue à l'italienne trop sucrée dessous. Enfin, pour que la débacle soit totale, un yaourt aigrelé et truffé de fraises déconfites termine la coupe, emprisonné dans une généreuse bulle de gelée rose. Alors, qui veut la partager avec moi ?
Nous avons eu ensemble plusieurs entretiens pendant lesquels, dictionnaire en main, il essaye de me parler et de comprendre ce que je lui dis tout en notant chaque mot nouveau qui survient dans l'anarchie de notre conversation. J'admire sa persévérance car il étudie en autodidacte dans un manuel d'apprentissage à cassettes. "Combien de temps faut-il pour aller à Carcassone ?"
Nos conversations ressemblent parfois à un dialogue de Beckett quand il lui prend de me réciter par exemple les questions apprises par coeur à la leçon 18 de son livre. Attardons nous sur la glace que nous avons dégustée ce samedi.
A première vue, elle fait envie non ? Cependant, d'irrémédiables fautes de goût ruinent l'impression que l'on en garde. Commençons par le biscuit du dessus : un vulgaire crackers salé à l'endroit où une gaufre fine devrait triompher. Souffrons la glace au chocolat blanc, fantaisie pardonnable à côté du coeur de la coupe. Fermez les yeux : il s'agit de cornflakes que l'on a installé entre une couche de chantilly gelée dessus et de meringue à l'italienne trop sucrée dessous. Enfin, pour que la débacle soit totale, un yaourt aigrelé et truffé de fraises déconfites termine la coupe, emprisonné dans une généreuse bulle de gelée rose. Alors, qui veut la partager avec moi ?